Les migrations

Initiatives de Peuple et Culture en direction des personnes réfugiées

, par Peuple et Culture

Face à la question de l’accueil des personnes réfugiées, les associations du mouvement Peuple et Culture ont mis en place une diversité de réponses qui sont le signe que, « passé la sidération, les gens sont prêts à faire des choses » et que la récupération de la question des migrants à des fins de clivages n’est pas une fatalité.

Plus qu’un discours, la « mise en vue » de ces différentes initiatives sur notre site Internet est une manière de positionner publiquement Peuple et Culture sur ces questions, même si d’autre part nous avons été signataires du manifeste « La solidarité : plus que jamais un délit ? », présenté en fin d’article.

Nous ne pouvons nous satisfaire, même si elles sont indispensables, de dénonciations, positions et analyses critiques, il est en effet plus que nécessaire de mettre la main à la pâte.

Pour celles et ceux qui ne sont pas encore engagé(e)s concrètement et qui se demandent que faire, Peuple et Culture Corrèze propose une forme spécifique héritée de son histoire. Au lieu de continuer à penser l’accueil de migrants en sens unique et de demander aux nouveaux arrivants de s’adapter tout seuls à la langue française et à des repères qui sont les nôtres, même s’ils sont nécessaires pour vivre ici, nous invitons à mettre en place de vraies rencontres personnelles soutenues et facilitées par la méthode Tandem.

Si une personne d’ailleurs rencontre un habitant d’ici, tous les deux font l’expérience d’une situation réelle d’apprentissage interculturel. La méthode Tandem (nom désignant une bicyclette à deux selles et à quatre pédales) tient compte de cette spécificité de la réalité considérant l’un comme connaisseur de son propre contexte culturel et l’autre comme spécialiste du sien. Leur entente dépendra de la finesse et de l’intelligence de compréhension mutuelle en s’appuyant sur ce qui est commun mais aussi sur les différences. Invitant les deux personnes à prendre des responsabilités et à être acteur du processus de rencontre elle permet ainsi de valoriser chacun en mobilisant ses atouts. Cette méthode élaborée par l’Office franco-allemand pour la Jeunesse (OFAJ), organisme unique dans le monde crée par deux Etats dans les années soixante après un passé lourd de guerres répétitives afin de proposer des rencontres et des échanges à des adolescents et de jeunes adultes pour faire l’expérience d’un travail d’éducation populaire de fond prévenant l’évolution de clichés, de stéréotypes, de préjugés et de pensée simplistes qui dans le passé avaient mené à de la haine et de la violence.

Lien vers le site Internet de Peuple et Culture Corrèze

Durant une semaine, un groupe de 21 jeunes du Maroc, de France, du Portugal, des Pays-Bas et d’Allemagne ont travaillé ensemble sur la thématique de la migration et ont construit « Radio Méditerranée ».

Les médias évoquent continuellement les personnes migrantes arrivées en Europe ; ce projet proposait de changer de point de vue et de regarder vers la Méditerrannée : interroger le fait migratoire et la vie des personnes migrantes au Maroc. Pour cela, le groupe a rencontré différentes ONG (GADEM, Fondation Orient Occident, centre culturel Tabadoul) travaillant avec ces publics à Tanger et à Rabat.

Les jeunes ont réalisé différents supports médiatiques reprenant leurs interviews et recherches. A travers la radio, les articles, les photos et les vidéos, ces jeunes journalistes et/ou citoyen.ne.s engagé.e.s ont tenté d’apporter un autre point de vue sur cette thématique importante en Europe, en Afrique et en Méditerranée.

Ce projet a été co-organisé par Schoolclash (Allemagne), Spectacle pour tous (Maroc), Clube Intercultural Europeu (Portugal), Stitching Schoolclash (Pays-Bas) et l’Union Peuple et Culture (France) et soutenu financièrement par le programme Erasmus+.

Lien vers le blog réalisé par les jeunes (podcast)

L’association La Obra (Douarnenez), compagnie théâtrale bretonnante et latino américaine qui interroge la question des minorités au moyen de l’expérimentation artistique, sociale et plurilingue, a mis en place un projet « Caminando » avec les réfugiés du CAO (Centre d’accueil et d’orientation) de Kerlaz.

Ce projet culturel et artistique, encouragé et financé par la fondation SNCF, s’organise en plusieurs temps :

  • un atelier d’échasses et de théâtre,
  • la participation à la grande journée du collectif fraternité où ils ont déambulé pendant la fête et joué de la musique,
  • des stages d’initiation au théâtre de l’opprimé ou d’écriture pour provoquer la rencontre entre différents publics : réfugiés, volontaires (Service Civique et SVE) et jeunes en réinsertion de l’Institut Breton d’Education Permanente (l’IBEP),
  • la préparation de la représentation du spectacle La Caminata, sur la migration, auquel les réfugiés ont assisté. Ce spectacle plurilingue (espagnol, français, breton) interroge sur la migration et qu’est-ce qu’être migrant,
  • des ateliers porteurs de paroles sur le thème des migrations. Installés dans les rues de Douarnenez ou de Quimper, les jeunes ont interpellé les passants sur la question « et si nous étions tous migrants ? »

Lien vers le site Internet de La Obra

Depuis plus de 10 ans, la Maison des Jeux de Grenoble intervient une fois par mois au Centre d’Accueil Intercommunal, porté par le CCAS et la Ville de Grenoble. Ce centre d’hébergement d’urgence accueille une soixante de personnes, sans abri, hommes, femmes et familles.

Environ la moitié des résident.es sont des personnes réfugiées, en demande d’asile.
De l’urgence, certaines de ces personnes voient leur accueil au centre se prolonger, y résidant plusieurs mois voire plusieurs années, avec des passages dans d’autres structures d’hébergement. La situation administrative de ces personnes évolue très lentement et ne leur permet pas d’accéder au logement, d’où un prolongement de leur accueil dans les dispositifs d’urgence.

La Maison des Jeux anime une soirée jeux une fois par mois au centre afin de créer un espace de vie où tous les résident.es, hommes seuls, femmes seules, et familles, peuvent partager un moment d’échanges positifs autour de la convivialité du jeu. Elle met en place des espaces et des moments au sein desquels l’évasion, la rêverie, le plaisir de passer un temps extra-ordinaire est possible. Ce faisant, elle vise à favoriser une prise de conscience : le jeu, la culture, ce n’est pas que pour les autres, chacun peut se les (ré)approprier. Afin d’inviter les personnes à sortir du centre et à créer une continuité dans ses interventions, des prêts de jeux et des bons d’entrée gratuite sont donnés afin d’inviter ces personnes à venir jouer à la Maison des Jeux, hors centre d’accueil, et ainsi fréquenter un lieu culturel hors dispositif d’hébergement.

Lien vers le site Internet de la Maison des Jeux de Grenoble

La Boutique d’écriture est située dans un quartier de Figuerolles dit « de première immigration », c’est-à-dire que c’est un quartier d’arrivée pour les migrants, où ils ne restent pas forcément, contrairement à d’autres quartiers où s’installent de manière plus durable les population immigrées.

Un bon nombre de nos actions culturelles et artistiques touchent une population de proximité, de par notre localisation mais aussi de par nos coopérations diverses avec écoles de quartier, structures associatives voisines, équipement culturels proches. Bien que le quartier soit riche d’une grande diversité de langues et d’origines, la communauté marocaine est majoritaire à Figuerolles. Le quartier voisin est à majorité gitane catalane implantée depuis plusieurs générations.

L’accès à nos services et activités ne requiert aucun statut particulier, nous ne sommes pas en mesure de parler de « réfugiés » ou non. Nous pouvons en revanche affirmer que beaucoup des participants de nos actions sont migrants, nouvellement arrivés. Certaines de nos actions nécessitent de s’entretenir de manière formelle avec les inscrits, notamment les actions d’accompagnement scolaire, nous connaissons alors certains parcours familiaux. La fragilité scolaire ne concerne bien évidemment pas uniquement les enfants nouvellement arrivés mais le facteur langue pousse souvent les familles migrantes à nous solliciter. En ce sens, nous proposons, en plus de temps d’accompagnement scolaire « ordinaire », des temps spécifiques pour les élèves nouvellement arrivés dits « allophones ».

Chaque semaine, nous accueillons deux groupes de jeunes exclusivement migrants (Marocains, Italiens, Vénézueliens, Mexicains, Chinois, Vietnamien, Syriens, Italiens, Espagnols, Roumains, Alériens…). Un atelier de français pour adultes rassemble également exclusivement des personnes migrantes, essentiellement des femmes (Maroc, Vietnam, Centrafrique, Italie, Espagne, Algérie, Syrie...).
Plus globalement, nos activités enfance familles visent à mélanger des publics de tous horizons : stages artistiques pour les adolescents en périodes de vacances scolaires, séjours d’un week-end en campagne, mercredis « artistiques » pour les enfants, sorties ponctuelles… etc.

Si nous ne nous préoccupons pas des situations administratives des familles pour l’accès à nos activités, nous nous appliquons à être à l’écoute. L’ouverture de notre local sur la rue implique un accueil permanent de visiteurs pour tout type de requêtes notamment liées au processus de naturalisation ou de formation linguistique. Cet accueil permanent et la réorientation éventuelle (pour un accompagnement social adéquat) qui en découle représentent une grande partie de notre travail avec les populations migrantes. En outre, nous organisons dans nos locaux des rencontres avec des professionnels du droit international de la famille (CICADE, Montpellier) et coopérons avec divers partenaires se situant à des étapes différentes du processus de naturalisation des migrants (RAIH pour les Mineurs Isolés Étrangers avant obtention du statut, le Foyer Départemental de l’Enfance pour les Mineurs Isolés Étrangers, le CADA pour les demandeurs d’asile, le CASNAV pour les élèves allophones nouvellement arrivés, etc...).

Lien vers le site Internet de la Boutique d’écriture

Manifeste « La solidarité : plus que jamais un délit ? »
Procès d’habitants de la vallée de la Roya « coupables » d’être venus en aide à des réfugié⋅e⋅s, avec la menace de lourdes sanctions. Mesures d’intimidation, poursuites - et parfois condamnations - de personnes ayant agi en soutien de migrant⋅e⋅s ou de Roms, à Calais, à Paris, à Norrent-Fontes, à Boulogne, à Loos, à Perpignan, à St-Etienne, à Meaux... On assiste depuis plusieurs mois à la recrudescence de cas où la solidarité est tenue pour un délit.

Il est clair que les autorités entendent faire plier les citoyennes et les citoyens qui n’adhèrent pas aux politiques de non accueil et de mise à l’écart des migrants, et qu’elles n’hésitent pas pour cela à les assimiler à ceux qui profitent de la vulnérabilité des exilé⋅e⋅s et les exploitent, passeurs et trafiquants en tout genre.
100 organisations associatives ou syndicales, nationales ou locales, publient un manifeste par lequel elles entendent dénoncer ces procédés. Dans les semaines qui viennent, elles mettront en œuvre toutes sortes d’actions afin que soient préservés le droit de regard, le droit de critique, le droit de s’opposer à des politiques qu’on désapprouve, le droit de se conduire autrement qu’en agent de politiques de fermeture : le droit d’agir en toute humanité.

Lien vers le manifeste